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goélette ailée

Si je pouvais parler aux mères, aux épouses, aux sœurs qui haïssent l’Océan, je leur reprocherais doucement leur erreur.

La mer entretient la foi et l’amour, elle préserve ses fils de tous les maux qui traînent à terre.

Femmes, ce n’est pas la mer qui appelle les êtres que vous chérissez !

Ce n’est pas elle qui les éloigne de vous ! La vérité est plus simple et plus douloureuse, ce sont les autres êtres autour de vous, hommes et femmes ! c’est la vie qui les empoigne par le collet !

Lorsque vos maris ou vos fils reprennent la Mer, ils vivent si près de vous dans l’éloignement.

Les images qu’ils emportent sont embellies et si douces. Celle de la mère, celle de la femme qu’ils regardent avec attendrissement lorsqu’ils reviennent de leur quart titubants d’air et d’embrun.

Femmes ! ne craignez pas la Mer, ne soyez pas jalouses d’elle.

Les Marins lui apportent leurs peines et leurs désirs, qui ne peuvent appartenir qu’à elle !

Elle devient souvent un clair tombeau. Les noms n’y sont point inscrits, mais la honte ne le touche jamais.