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Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/91

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goélette ailée

on envoyait un grand pavillon français. Mes yeux se remplirent de larmes… Nos trois couleurs ici ! ! ! D’émotion, je ne pouvais détacher mes yeux des plis de l’étamine. Puis je vis au mât de misaine mon pavillon bleu et blanc flotter gaiement.

Délicate attention de l’ancien propriétaire Hollandais ! Au carré m’attendaient mes premières fleurs.

Notre traversée fut fertile en incidents. Grosse tempête heureusement largue avec rafales de neige et deux degrés au-dessous de zéro dans le carré !

L’équipage de fortune ramassé sur le quai n’avait jamais vu de semblable chose.

Ailée largue fuyait avec la tempête à seize nœuds !

La mer s’envolait en écume et la neige nous aveuglait. Près de la descente, je vis un grand blondin pâle tout ruisselant qui claquait des dents. Je hurlai à Loussot : « Donnez-lui mon ciré de rechange pour son quart ! Pourvu, mon Dieu ! que ce soit un Hollandais ! »

Le gréement usé s’en allait en morceaux. Nous fîmes malgré cela un record en mettant 21 heures de Rotterdam au Havre !

À l’arrivée un Marin Allemand et un Marin Hollandais vinrent au nom de l’équipage me féliciter pour le bel exemple que je leur avais donné pendant la traversée.

J’avais travaillé comme eux ! Je reçus la jolie dépêche que voici de l’Amiral Commandant la Flotte