nous constatons que l’écartement galvanisé haubans, bâbord bout dehors est cassé. Impossible de mettre le foc. Mer démontée.
3 heures — Notre grand’voile se déchire par la moitié. Le gui tombe sur le plat bord bâbord et l’abîme. Avec de grandes difficultés, saisissons le gui avec des palans. Amené la grand’voile ; travail surhumain. Hissé la voile de cape triangulaire ; à 16 heures, la brise calmit, mais la mer devient plus grosse. Elle balaie tout l’arrière. Le gui souffre beaucoup. Nous nous trouvons à douze Milles dans le N. 60 O. du Cap Nayor. Le temps se bouche. Nous hissons le signal Y. P. « demande un remorqueur ». Longue attente. Enfin, le pavillon tricolore.
Un chalutier nous prend en remorque. Il est 7 h. 25. Aussitôt, notre misaine part en morceaux, en dessous du ris. Puis un ris dans la misaine est rehissé.
Nous entrons dans les passés à 18 h. 40.
Mouillons dans le port de Santander à 19 h. 25. Mouillé tribord, un maillon.
L’horreur d’assister, minute par minute, à l’agonie de son bateau. Voir ses hommes en danger, trembler pour ceux qui risquent leur vie dans la mâture écroulée pour sauver la goëlette.
Heures terrifiantes, mais splendides. On est conscient d’avoir fait quelque chose de bien, de beau.