Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/104

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plus d’égards ; il la considérait presque comme une épouse ; et si on eût porté le feu devant elle, elle eût joui de tous les honneurs qu’on accorde aux impératrices. Cette femme, étonnée d’un dessein aussi honteux et aussi absurde, supplie Commode, en tombant à ses genoux et en pleurant, de ne pas déshonorer ainsi la majesté de son rang, et de ne pas livrer sa vie à des hommes sans frein et sans aveu, à des gladiateurs. Mais elle ne put rien obtenir par ses supplications, et se retira en versant des larmes.

LI. L’empereur mande aussitôt Lætus, le chef des gardes prétoriennes, et Electus, l’intendant du palais : il leur ordonne de lui préparer dans le gymnase des gladiateurs un appartement où il pût passer la nuit, pour en sortir le matin, tout armé, et se rendre ainsi au temple, sous les regards de tout le peuple. Ces officiers emploient à leur tour les plus vives instances, et cherchent à le détourner d’un dessein si indigne de son rang.

LII. Commode courroucé les congédia, et se retira dans sa chambre à coucher, comme il le faisait d’ordinaire vers le milieu du jour ; il prit alors une de ces tablettes faites avec l’écorce déliée du tilleul, et qui se replient des deux côtés ; il y écrivit les noms de ceux qu’il devait faire tuer la nuit prochaine. En premier était le nom de Marcia, puis