Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les nouveaux empereurs, et l’on s’inclinait religieusement devant l’urne funéraire. C’est dans cet appareil pompeux qu’ils la déposèrent au temple où sont placés les tombeaux de Marc-Aurèle et de ses prédécesseurs.

III. Après l’accomplissement des sacrifices et des cérémonies accoutumées, les deux princes se retirèrent dans le palais, qu’ils se partagèrent par moitié, fermant soigneusement les issues secrètes, et n’ayant d’entrées communes que les portes des vestibules et des cours. Ils avaient chacun une garde particulière, et ne se trouvaient ensemble que pendant les courts instants où ils se montraient au peuple. Toutefois, il faut le dire, leur premier soin fut de rendre hommage aux mânes de leur père. Il est d’usage à Rome de diviniser les empereurs qui laissent en mourant des fils pour héritiers de leur puissance. Cette consécration solennelle s’appelle « apothéose. » Dans cette cérémonie, Rome offre un spectacle de fête et de deuil tout à la fois. Le corps du défunt est enseveli avec un magnifique appareil dans le dernier asile, commun à tous les hommes ; mais son image, faite en cire, d’une ressemblance parfaite, est placée dans le vestibule du palais, sur un lit d’ivoire fort élevé et couvert d’étoffes d’or : son visage est incliné, et pâle comme celui d’un malade. Pendant presque tout le jour, on voit siéger à