Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/215

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des vases de bois ; il partageait le pain grossier des soldats ; souvent il broyait entre ses mains sa portion de blé, et la roulait en gâteau ; il la mettait au feu, et la mangeait ainsi. Il s’abstenait de toute somptuosité ; il choisissait de préférence les objets les plus communs et à la portée de la bourse du plus pauvre de ses soldats. L’appelaient-ils leur camarade, au lieu de lui donner le nom d’empereur, il en témoignait la joie la plus vive ; il faisait à pied avec eux la plus grande partie du chemin, et montait rarement en litière ou à cheval ; il portait lui-même ses armes ; souvent on le voyait, saisissant de longues enseignes chargées d’ornements d’or, et dont le poids faisait plier les plus robustes soldats, les porter sur ses épaules. Cette conduite plaisait à l’armée, qui l’aimait comme un bon soldat, et qui admirait sa vigueur. Il y avait en effet quelque chose de prodigieux à voir un homme d’une si petite taille s’exercer à de si pénibles travaux.

Xlll. Après avoir réorganisé l’armée du Danube, il passa en Thrace, pays voisin de la Macédoine. Dès lors, ce fut un autre Alexandre. Il voulut rajeunir pour ainsi dire, par mille hommages nouveaux, la mémoire de ce conquérant ; il fit placer son image et sa statue dans toutes les villes. Rome, le capitole, les temples des dieux, furent peuplés des statues du