Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/214

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XII. Après tant de cruautés, Antonin, tourmenté par ses remords, et dégoûté du séjour de Rome, résolut de quitter la capitale, sous prétexte de rétablir l’ordre dans les armées et d’inspecter les provinces. Il quitte l’Italie, et arrive sur les bords du Danube. Là, dans ces provinces du nord qu’il voulait, disait-il, organiser, il ne s’occupe qu’à conduire des chars, qu’a combattre et tuer des animaux de toute espèce ; il ne rendait que rarement la justice, et, doué apparemment d’une intelligence toute particulière, il prononçait alors sur-le-champ et sans écouter. Il se rendit populaire chez les Germains de ces contrées, et gagna à tel point leur affection qu’il reçut d’eux un corps de troupes auxiliaires, et choisit pour sa garde les plus beaux et les plus vigoureux de leurs soldats. Souvent, dépouillant la chlamyde romaine, il prenait le costume germain, et se montrait avec leur cotte d’armes, bigarrée d’argent. Il portait une chevelure blonde, taillée à la mode des barbares. Charmés de ces manières, ceux-ci lui témoignèrent un amour sans bornes ; les troupes romaines ne lui étaient pas moins dévouées, parce qu’il partageait toutes leurs fatigues, comme un simple soldat, et surtout parce qu’il les comblait de libéralités. Fallait-il creuser un fossé, jeter un pont, construire une chaussée, faire quelque ouvrage pénible, Caracalla était le premier à donner l’exemple ; il se faisait servir les mets les plus communs, mangeant et buvant dans