Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/220

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de chacun des jeunes gens en particulier, distribue à tous des éloges, jusqu’à ce que son armée les ait insensiblement, et à leur insu, investis de toutes parts. Lorsqu’il les vit renfermés dans ce cercle immense de soldats et pris comme dans un vaste filet, il congédia l’assemblée et se retira lui-même avec sa suite. Aussitôt le signal est donné ; ses soldats fondent de tous côtés sur la multitude, massacrant au hasard les jeunes gens surpris, désarmés, et la foule des spectateurs. Tandis que les uns étaient occupés au carnage, les autres creusaient de grandes fosses, et les remplissaient de corps qu’ils précipitaient pêle-mêle. La terre dont ils les recouvraient forma bientôt un tertre immense ; on jetait dans ces fosses des malheureux qui respiraient encore ; il y en eut même qu’on ensevelit sans blessure. Des soldats en assez grand nombre périrent victimes de leur barbarie : car les blessés qu’un reste de vie et de force soutenait encore, s’attachant à ceux qui les précipitaient dans ces vastes tombeaux, les y entraînaient avec eux. Le carnage fut tel que les ruisseaux de sang qui coulaient à travers la plaine rougirent l’immense embouchure du Nil et le quai dont est bordée la ville. Après cet acte de férocité, Antonin quitta Alexandrie et retourna à Antioche.

XVIII. Peu de temps après, il imagina de se faire donner le surnom de Parthique : il désirait vivement