Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/219

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moins une insulte pour ceux à qui elles s’adressent : les plaisanteries qui portent sur des vérités blessent surtout profondément. L’esprit caustique des habitants d’Alexandrie s’était exercé sur Antonin, et au lieu de garder sur l’assassinat de Géta le silence de la circonspection, ils appelaient la mère des deux empereurs une Jocaste, et riaient de voir un pygmée comme Caracalla jouer les grands héros Achille et Alexandre. Ces plaisanteries, qu’ils croyaient sans importance, allumèrent contre eux l’humeur irascible et sanguinaire d’Antonin, qui, dès lors, médita leur perte.

XVII. Après avoir pris part aux réjouissances et aux fêtes publiques, remarquant l’affluence que ces solennités attiraient de toutes parts dans la ville, il saisit cette occasion pour ordonner par un édit à toute la jeunesse de se réunir dans une plaine, voulant, disait-il, ajouter à ses deux phalanges une cohorte en l’honneur d’Alexandre : tous ces jeunes gens devaient se ranger sur une seule ligne, afin que le prince pût examiner leur âge, leur taille, et juger de leur aptitude au service militaire. Abusés par ces promesses, dont la sincérité semblait garantie par les honneurs dont le prince comblait alors leur ville, ils se réunissent tous au rendez-vous, accompagnés de leurs parents, de leurs frères qui les félicitent. Cependant l’empereur parcourt les rangs, s’approche