Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/64

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haines contre des princes, ou par le respect et la flatterie envers des rois, des États ou de simples particuliers, ont trouvé l’art d’élever, par la diction, bien au-dessus de la vérité, des actions sans lustre et sans importance.

Pour moi, j’ai assisté à l’histoire que j’entreprends d’écrire ; elle n’est ni inconnue, ni sans témoins, elle vit toute récente dans la mémoire de mes lecteurs ; je veux l’écrire avec un respect religieux pour le vrai. J’ai l’espoir que nos descendants ne verront point sans intérêt le tableau d’actions grandes et variées, réunies dans l’espace de temps le plus borné. En effet, si l’on repasse en idée les jours écoulés depuis Auguste, depuis l’époque où la puissance des Romains devint l’apanage d’un seul, jusqu’à Marc-Aurèle, dans cet espace d’environ deux cents ans, on ne verra ni une aussi rapide succession d’empereurs, ni des guerres civiles et étrangères, si fécondes en événements, ni tant de nations agitées, ni tant de siéges dans l’empire même ou chez les barbares ; ni des tremblements de terre si nombreux, des pestes si affreuses ; ni, en un mot, des tyrans et des princes dont la vie offre un caractère de nouveauté qu’on chercherait en vain dans toute l’histoire ancienne. Le règne des uns fut très-long, celui des autres très court ; quelques-uns même furent a peine nommés empereurs, qu’ils périrent dans leur pourpre d’un jour. Le grand nombre de princes,