Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/65

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qui, dans le court intervalle de soixante années, passèrent sur le trône de Rome, a rendu cette époque fertile en faits neufs et originaux. Les empereurs d’un âge avancé, aidés de leur longue expérience, surent gouverner habilement leurs sujets et eux-mêmes ; mais ceux qui, dans une grande jeunesse, reçurent la suprême puissance, habitués à la mollesse et à l’intempérance, se signalèrent par des actes inouïs. Cette différence d’âge et de position produisit chez les princes celle des goûts et des mœurs. Je vais commencer le récit de ces règnes, en observant l’ordre des temps et des empereurs.

I. L’empereur Marc-Aurèle eut plusieurs filles et deux fils. Le plus jeune de ces princes mourut dans un âge fort tendre. Verissimus était son nom. L’autre, appelé Commode, fut élevé par l’empereur avec la plus grande sollicitude. Il fit venir de toutes les contrées les hommes les plus célèbres par leur savoir, et les invita, par la promesse des plus brillantes récompenses, à orner de leurs leçons le cœur et l’esprit de leur élève. Quant à ses filles, il les maria à des sénateurs, les plus distingués de leur ordre. Il ne crut pas devoir choisir pour ses gendres ceux qu’illustrait une longue suite d’aïeux, ou qui brillaient par l’éclat de leur naissance, mais des hommes que recommandaient la sagesse et la vertu. Ces biens de l’âme étaient à ses yeux les seuls