Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/81

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sénat. » Il ne se hâte point de frapper ; pendant qu’il perd les instants en de vaines paroles, et qu’il agite son poignard nu, il est arrêté par les gardes de l’empereur et paye de la vie sa folle témérité. L’insensé s’était dénoncé et perdu lui-même ; il avait proclamé son dessein au lieu de l’exécuter.

XXII. Cet événement fut la première et la plus puissante cause de la haine que Commode porta au sénat. Les paroles de Quintianus avaient profondément blessé son âme ; dès ce moment il regarda tous les sénateurs comme des ennemis ; il ne put oublier le mot du meurtrier.

XXIII. Pérennius profita d’une occasion aussi heureuse. Il persuada à Commode de frapper tous les citoyens distingués, et de ne permettre à aucun de s’élever. S’emparant comme d’une proie de la fortune des victimes, il devint en peu de temps le plus riche de tous ses contemporains. Il dirigea avec la plus grande ardeur une enquête sur le complot, et fit traîner au supplice la sœur même de Commode, tous ceux qui avaient pris part à la conspiration, tous ceux enfin sur qui planaient les plus légers soupçons.

XXIV. Pérennius ayant fait périr les hommes vertueux qui inspiraient à Commode un respect involontaire,