Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/83

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le silence au peuple : « Ce n’est point le temps, Commode, dit-il, de t’occuper de jeux, de spectacles et de fêtes. Le glaive de Pérennius est suspendu sur ta tête : si tu ne te garantis point d’un danger qui n’est pas prochain, mais déjà présent, ton imprudence va te coûter la vie. Pérennius rassemble lui-même contre toi des soldats et de l’or, tandis que ses fils séduisent pour sa cause l’armée d’Illyrie. Si tu ne te hâtes de prévenir le coup, Commode, c’en est fait de toi. »

XXVI. A ce discours, qui fut suggéré à cet inconnu ou par une inspiration secrète et divine, ou par le désir de s’illustrer et de se tirer de l’obscurité en commettant une action aussi hardie, ou enfin par l’espoir d’obtenir de l’empereur une récompense brillante, Commode resta muet d’étonnement. Tous les spectateurs croyaient bien aux paroles de l’inconnu, mais ils n’osaient le faire paraître. Cependant Pérennius le fait arrêter et brûler vif comme un insensé et un imposteur. Le malheureux expia ainsi son imprudente audace.

XXVII. Toutefois les courtisans, qui voulaient faire parade auprès de Commode d’un sincère attachement, et qui depuis longtemps détestaient Pérennius, dont la fierté et la hauteur les avaient souvent blessés, saisirent avec empressement cette