Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/86

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le butin. Aussi bientôt cette troupe ne fut-elle plus considérée comme une réunion de brigands, mais comme une armée ennemie. Ils s’emparaient des grandes villes, brisaient les portes des cachots, délivraient tous les prisonniers, quelle que fût la cause de leur captivité, et en leur promettant l’impunité se les attachaient par la reconnaissance. Ils ravagèrent ainsi toute la Gaule et toute l’Espagne, pénétrant de force dans toutes les grandes villes, les incendiant, les dévastant, et se retirant avec une proie immense.

XXXI. Dès que cette nouvelle parvint à Commode, il écrivit aux gouverneurs de ces provinces des lettres pleines de menaces et de colère ; il leur reprochait leur lâcheté, et leur ordonnait de marcher contre ces brigands. Quand ceux-ci apprirent qu’on se préparait à leur opposer des forces, ils abandonnèrent le pays qu’ils ravageaient, et par des chemins courts et détournés, gagnèrent secrètement l’Italie après s’être divisés en petites troupes. Là, Maternus médita des projets plus élevés et n’ambitionna rien moins que l’empire. Il voyait que tout lui avait réussi jusqu’à ce jour au delà de ses espérances ; il se crut appelé à tenter un coup d’éclat, et puisqu’il ne pouvait échapper au danger, il voulut du moins s’illustrer par une mort glorieuse.