Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/98

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de Troie, fut alors pour la première fois, depuis son arrivée en Italie, exposé aux regards des hommes. Les vestales arrachèrent cette statue du milieu des flammes, et à travers la voie Sacrée, la portèrent au palais de l’empereur. Le feu continua de ravager les plus belles parties de la ville ; il dura plusieurs jours sans interruption, et ne cessa qu’étouffé par des pluies abondantes.

XLVI. Aussi cette calamité fut-elle regardée comme surnaturelle : chacun était persuadé que la volonté seule des dieux avait allumé et éteint cet incendie. Quelques-uns même voyaient dans la ruine du temple de la Paix le présage certain d’une guerre. Et l’événement (comme nous le verrons dans la suite) ne confirma que trop cette crainte. Les désastres continuels dont Rome était frappée avaient changé en haine l’amour que le peuple portait naguère à Commode. Tous rejetaient leurs malheurs communs sur les meurtres sans nombre et suries honteux excès dont l’empereur avait souillé sa vie. Ces excès n’étaient ignorés de personne, et lui-même ne songeait nullement à les cacher. Il ne craignait point de commettre en public des actions qu’il aurait dû rougir de commettre en secret ; et il en vint à un tel point de folie et d’audace, que, répudiant le nom glorieux de son père, il ne se fit plus appeler Commode, fils de Marc-Aurèle, mais Hercule, fils de Jupiter. On