Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/97

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suspendues au milieu des airs. On vit naître dans toutes les espèces d’animaux une foule de monstres qui s’écartaient de leur nature par l’étrange bizarrerie et la disproportion de leurs formes. Mais un malheur plus réel vint affliger tous les esprits, et parut pour l’avenir d’un triste et funeste présage. On n’avait vu tomber aucune pluie ; aucuns nuages ne s’étaient amoncelés ; seulement la terre avait ressenti une légère secousse, lorsque le temple de la Paix, le plus grand et le plus bel édifice de Rome, fut soudain dévoré par les flammes, soit que le tonnerre l’eût embrasé pendant la nuit, soit que des feux souterrains fussent sortis du sol ébranlé. Ce temple était le plus riche et le plus somptueux de tous, par la multitude d’offrandes d’or et d’argent que la piété des citoyens déposait dans cet asile sûr et sacré : chacun y apportait ce qu’il possédait de plus précieux. Mais en une seule nuit le feu réduisit à la pauvreté une foule de familles opulentes ; chacun eut à pleurer et le malheur publie et son infortune particulière.

XLV. L’incendie, après avoir consumé ce temple, s’étendit plus loin, et brilla la plupart des beaux monuments de Rome. Le temple de Vesta fut de ce nombre, et le Palladium, pour qui les Romains ont tant de respect, et qu’ils cachent loin de tous les yeux, le Palladium qu’Énée, dit-on, avait apporté