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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

leurs pères et leurs mères, on ne les y force pas ; mais si les filles le refusent, on les y contraint.

XXXVI. Dans les autres pays, les prêtres portent leurs cheveux ; en Égypte, ils les rasent. Chez les autres nations, dès qu’on est en deuil, on se fait raser[1], et surtout les plus proches parents ; les Égyptiens, au contraire, laissent croître leurs cheveux et leur barbe à la mort de leurs proches, quoique jusqu’alors ils se fussent rasés. Les autres peuples prennent leurs repas dans un endroit séparé des bêtes, les Égyptiens mangent avec elles. Partout ailleurs on se nourrit de froment et d’orge ; en Égypte, on regarde comme infâmes ceux qui s’en nourrissent, et l’on y fait usage d’épeautre. Ils pétrissent la farine avec les pieds ; mais ils enlèvent la boue et le fumier avec les mains. Toutes les autres nations, excepté celles qui sont instruites, laissent les parties de la génération dans leur état naturel ; eux, au contraire, se font circoncire[2]. Les hommes ont chacun deux habits, les femmes n’en ont qu’un. Les autres peuples attachent en dehors les cordages et les anneaux ou crochets des voiles ; les Égyptiens, en dedans. Les Grecs écrivent et calculent avec des jetons, en portant la main de la gauche vers la droite ; les Égyptiens, en la conduisant de la droite à la gauche ; et néanmoins ils disent qu’ils écrivent et calculent à droite, et les Grecs à gauche. Ils ont deux sortes de lettres, les sacrées et les populaires.

XXXVII. Ils sont très-religieux, et surpassent tous les hommes dans le culte qu’ils rendent aux dieux. Voici quelques-unes de leurs coutumes : ils boivent dans des coupes d’airain, qu’ils ont soin de nettoyer tous les jours ; c’est un usage universel, dont personne ne s’exempte. Ils portent des habits de lin nouvellement lavés ; attention

  1. Hérodote n’y comprend pas sans doute les Grecs, qui suivaient en cela l’usage des Égyptiens. « Lorsqu’il survient, dit Plutarque, quelque malheur aux Grecs, les femmes se rasent les cheveux, et les hommes les laissent croître, parce qu’ils sont dans l’usage de les couper, et les femmes de les porter. »
  2. Il n’y avait d’obligation que pour les prêtres ; les autres Égyptiens étaient dispensés de cette cérémonie, à moins qu’ils ne voulussent se faire initier aux mystères, ou se procurer la connaissance des sciences sacrées. Voyez le célèbre évêque d’Avranches sur Origène. (Wesseling.)