LIVRE QUATRIÈME.
MELPOMÈNE.
I. Après la prise de Babylone, Darius marcha en personne contre les Scythes. L’Asie était alors riche, très-peuplée, et se trouvait dans l’état le plus florissant. Ce prince souhaitait ardemment se venger de l’insulte que les Scythes avaient faite les premiers aux Mèdes, en entrant à main armée dans leur pays, et de ce qu’après une victoire complète ils étaient devenus les maîtres de l’Asie supérieure pendant vingt-huit années, comme je l’ai dit auparavant. Ils y étaient entrés en poursuivant les Cimmériens, et en avaient enlevé l’empire aux Mèdes, qui le possédaient avant leur arrivée.
Après une absence de vingt-huit ans, les Scythes avaient voulu retourner dans leur patrie ; mais ils n’avaient pas trouvé dans cette entreprise moins de difficultés qu’ils n’en avaient rencontré en voulant pénétrer en Médie. Une armée nombreuse était allée au-devant d’eux, et leur en avait disputé l’entrée ; car leurs femmes, ennuyées de la longueur de leur absence, avaient eu commerce avec leurs esclaves.
II. Les Scythes crèvent les yeux à tous leurs esclaves, afin de les employer à traire le lait, dont ils font leur boisson ordinaire. Ils ont des soufflets d’os qui ressemblent à des flûtes ; ils les mettent dans les parties naturelles des