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MELPOMÈNE, LIVRE IV.

bouchure de cette mer a quatre stades de large sur environ six vingts stades de long. Ce col, ou détroit, s’appelle Bosphore. C’était là où l’on avait jeté le pont. Le Bosphore s’étend jusqu’à la Propontide. Quant à la Propontide, elle a cinq cents stades de largeur sur quatorze cents de longueur, et se jette dans l’Hellespont, qui, dans l’endroit où il est le moins large, n’a que sept stades de largeur sur quatre cents de longueur. L’Hellespont communique à une mer d’une vaste étendue, qu’on appelle la mer Égée.

LXXXVI. On a mesuré ces mers de la manière suivante : dans les longs jours, un vaisseau fait en tout environ soixante et dix mille orgyies de chemin, et soixante mille par nuit[1]. Or, de l’embouchure du Pont-Euxin au Phase, qui est sa plus grande longueur, il y a neuf jours et huit nuits de navigation : cela fait onze cent dix mille orgyies, c’est-à-dire onze mille cent stades. De la Sindique à Thémiscyre, sur le Thermodon, où le Pont-Euxin est le plus large, on compte trois jours et deux nuits de navigation, qui font trois cent trente mille orgyies, ou trois mille trois cents stades. C’est ainsi que j’ai pris les dimensions du Pont-Euxin, du Bosphore et de l’Hellespont ; et ces mers sont naturellement telles que je les ai représentées. Le Palus-Mæotis se jette dans le Pont-Euxin ; il n’est guère moins grand que cette mer, et on l’appelle la mer du Pont.

LXXXVII. Lorsque Darius eut considéré le Pont-Euxin, il revint par mer au pont de bateaux, dont Mandroclès de Samos était l’entrepreneur. Il examina aussi le Bosphore ; et, sur le bord de ce détroit, on érigea, par son ordre, deux colonnes de pierre blanche. Il fit graver sur l’une, en caractères assyriens[2], et sur l’autre, en lettres grecques,

  1. Cela fait 700 stades par jour, et 600 la nuit ; 1 300 par 24 heures. Marin évalue, au rapport de Ptolémée, une journée de navigation à mille stades ; Aristide (in Ægypto), à 1 200 ; et Polybe soutient qu’il est impossible de faire deux milles stades par jour. Strabon dit que de la Cyrénaïque à Criu-Métopon, promontoire de l’île de Crète, il y a deux jours et deux nuits de navigation : or, suivant Ératosthène, cet intervalle est de 2 000 stades ; et Pline écrit la même chose, lib. iv, cap. xii : Ipsa (Creta) abest promontorio suo, quod vocatur Criu-Metopon, ut prodit Agrippa, a Cyrenarum promontorio Phycunte, ccxxv, m. p. (Casaubon.)
  2. Les lettres assyriennes étaient les mêmes que les chaldéennes.

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