Page:Hérodote - Histoire, trad. Larcher, tome 1, 1850.djvu/367

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
368
HISTOIRE D’HÉRODOTE.

Tanaïs. Les Scythes traversèrent le fleuve ; et les Perses, l’ayant passé après eux, ne cessèrent de les suivre que lorsque, après avoir parcouru le pays des Sauromates, ils furent arrivés dans celui des Budins.

CXXIII. Les Perses ne purent causer aucun dégât tout le temps qu’ils furent en Scythie et dans le pays des Sauromates, les habitants ayant détruit tout ce qui était dans les campagnes ; mais, quand ils eurent pénétré dans le pays des Budins, ils trouvèrent la ville de Gélonus, qui était bâtie en bois. Comme elle était entièrement déserte, et que les habitants en avaient tout emporté, ils y mirent le feu. Cela fait, ils allèrent en avant, marchant sur les traces de l’ennemi ; enfin, après avoir parcouru le pays des Budins, ils arrivèrent dans un désert par delà ces peuples, où l’on ne rencontre pas un seul homme. Ce désert a sept journées de chemin ; on trouve au-dessus le pays des Thyssagètes, d’où viennent quatre grandes rivières : le Lycus, l’Oarus, le Tanaïs et le Syrgis, qui se jettent dans le Palus-Mæotis après avoir arrosé les terres des Mæotes.

CXXIV. Darius, étant arrivé dans ce désert, s’arrêta sur les bords de l’Oarus, où il campa avec son armée. Il fit ensuite construire huit grands châteaux, a soixante stades ou environ l’un de l’autre, dont les ruines subsistent encore maintenant. Tandis qu’il s’occupait de ces ouvrages, les Scythes qu’il avait poursuivis firent le tour par le haut du pays, et retournèrent en Scythie. Comme ils avaient entièrement disparu, et qu’ils ne se montraient plus, il laissa ses châteaux imparfaits, et dirigea sa marche à l’occident, persuadé que ces Scythes formaient toute la nation, et qu’ils étaient sauvés de ce côté. Comme il marchait à grandes journées, il arriva en Scythie, où il rencontra[1] les deux corps d’armée des Scythes. Il ne les eut pas plutôt trouvés, qu’il se mit à les poursuivre ; mais ils avaient soin de se tenir toujours à une journée de lui.

CXXV. Ils s’enfuyaient, suivant les conventions faites

  1. L’un était commandé par Idanthyrse, et l’autre par Taxacis. Voyez § cxx.