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MELPOMÈNE, LIVRE IV.

Cabales demeurent vers le milieu du pays des Auschises : leur nation est peu nombreuse ; elle s’étend sur les côtes de la mer vers Tauchires, ville du territoire de Barcé. Leurs usages sont les mêmes que ceux des peuples qui habitent au-dessus de Cyrène.

CLXXII. Les pays des Auschises est borné à l’ouest par celui des Nasamons, peuple nombreux. En été, les Nasamons laissent leurs troupeaux sur le bord de la mer, et montent à un certain canton, nommé Augiles, pour y recueillir en automne les dattes. Les palmiers y croissent en abondance, y viennent très-beaux, et portent tous du fruit. Les Nasamons vont à la chasse des sauterelles, les font sécher au soleil, et, les ayant réduites en poudre, ils mêlent cette poudre avec du lait, qu’ils boivent ensuite. Ils ont coutume d’avoir chacun plusieurs femmes, et de les voir publiquement, à peu près comme les Massagètes, après avoir planté à terre leur bâton. Lorsqu’un Nasamon se marie pour la première fois, la première nuit de ses noces, la mariée accorde ses faveurs à tous les convives, et chacun lui fait un présent qu’il a apporté de sa maison.

Voici leur manière de faire des serments et d’exercer la divination. Ils mettent la main sur le tombeau des hommes qui ont parmi eux la réputation d’avoir été les plus justes et les plus gens de bien, et jurent par eux. Pour exercer la divination, ils vont aux tombeaux de leurs ancêtres ; ils y font leurs prières, et y dorment ensuite. Si, pendant leur sommeil, ils ont quelque songe, ils en font usage dans leur conduite. Ils se donnent mutuellement la foi en buvant réciproquement de la main l’un de l’autre[1]. S’ils n’ont rien de liquide, ils ramassent à terre de la poussière, et la lèchent.

CLXXIII. Les Psylles sont voisins des Nasamons ; ils périrent autrefois de la manière que je vais dire. Le vent du midi avait de son souffle desséché leurs citernes : car tout leur pays était en dedans de la Syrte[2], et sans eau.

  1. L’ancienne coutume des Nasamons de boire la main l’un de l’autre, en se donnant leur foi, est encore aujourd’hui la seule cérémonie qu’on observe dans les mariages parmi les Algériens. (L.)
  2. Il est encore ici question de la grande Syrte. Le territoire des Psylles

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