Page:Hérodote - Histoire, trad. Larcher, tome 1, 1850.djvu/460

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TERPSICHORE, LIVRE V.

ment ; mais je ne puis absolument me persuader que lui et les Milésiens aient excité des troubles contre vous. Si cependant ils l’ont fait, si ce qu’on vous en a dit est vrai, considérez, seigneur, si vous n’y avez pas donné lieu en m’arrachant des bords de la mer[1]. Les Ioniens désiraient sans doute depuis longtemps de se soustraire à votre obéissance ; mon éloignement a favorisé leurs vues. Si j’eusse été sur les lieux, aucune ville n’eût osé remuer. Renvoyez-moi donc au plus tôt en Ionie, afin que j’y rétablisse votre autorité dans son premier état, et que je remette en vos mains Aristagoras, l’auteur de cette trame. Ces deux points exécutés selon vos intentions, je jure par les dieux, protecteurs des rois, que je ne quitterai point l’habit que j’aurai à mon arrivée en Ionie, que je ne vous aie rendu tributaire la grande île de Sardaigne. »

CVII. Darius se laissa persuader par ce discours, qui ne tendait qu’à le tromper. Il renvoya Histiée, et lui ordonna, en partant, de revenir à Suses aussitôt qu’il aurait rempli ses engagements.

CVIII. Pendant qu’on portait au roi la nouvelle de la prise de Sardes ; que ce prince, après avoir tiré une flèche contre le ciel, délibérait sur ce sujet avec Histiée, et qu’Histiée, congédié par lui, se rendait sur les bords de la mer, on apprit à Onésilus de Salamine, qui était occupé au siége d’Amathonte, qu’on attendait incessamment en Cypre Artybius, Perse de naissance, avec une armée considérable de troupes de sa nation. Sur cette nouvelle, Onésilus dépêcha des hérauts aux Ioniens, pour les inviter à le secourir. Ceux-ci, sans perdre le temps en longues délibérations, vinrent à son secours avec une flotte nombreuse. Les Ioniens étaient déjà en Cypre, lorsque les Perses, ayant passé de la Cilicie en cette île, se rendirent par terre à Salamine ; les Phéniciens doublèrent de leur côté le promontoire qu’on appelle les Cléides de Cypre.

CIX. Pendant que ces événements se passaient, les ty-

  1. Il me semble que l’expression qu’Hérodote met dans la bouche d’Histiée pouvait faire soupçonner à Darius qu’il était à la cour malgré lui, et par conséquent confirmer ce prince dans ses soupçons.

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