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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

tirent leurs murs, et conduisirent tous leurs vaisseaux à Abdère. Darius sonda ensuite les Grecs, afin de savoir s’ils avaient intention de lui faire la guerre, ou de se soumettre. Il envoya donc des hérauts de côté et d’autre en Grèce, avec ordre de demander en son nom la terre et l’eau. Il en dépêcha d’autres dans les villes maritimes qui lui payaient tribut, pour leur ordonner de construire des vaisseaux de guerre, et des bateaux pour le transport des chevaux.

XLIX. Les hérauts étant arrivés en Grèce pendant ces préparatifs, plusieurs peuples du continent accordèrent au roi la terre et l’eau, ainsi que tous les insulaires chez qui ces hérauts se transportèrent. Cet exemple fut suivi par les autres insulaires chez qui ils ne se rendirent pas, et entre autres par les Éginètes. Ceux-ci ne les eurent pas plutôt donnés, que les Athéniens, choqués de cette conduite, et persuadés qu’ils ne l’avaient tenue que par haine contre eux, et dans le dessein de leur faire la guerre de concert avec les Perses, saisirent avidement ce prétexte pour les accuser à Sparte de trahir la Grèce.

L. Sur cette accusation, Cléomène, fils d’Anaxandrides, roi de Sparte, passa en Égine pour arrêter les plus coupables. Comme il se disposait à le faire, des Éginètes s’y opposèrent, et entre autres Crios, fils de Polycrite, qui montra en cette occasion le plus de chaleur, et lui dit qu’il n’emmènerait point impunément aucun habitant d’Égine ; qu’il agissait ainsi sans l’aveu de la république de Sparte, et seulement à l’instigation des Athéniens, qui l’avaient gagné avec de l’argent ; qu’autrement il serait venu avec l’autre roi pour les arrêter. En tenant ce langage, Crios suivait les ordres qu’il avait reçus de Démarate. Cléomène, repoussé de l’île d’Égine, lui demanda son nom. Celui-ci le lui ayant dit : Eh bien ! Crios (bélier), repartit alors Cléomène, arme bien tes cornes, car tu auras à lutter contre un rude adversaire.

LI. Démarate, fils d’Ariston, qui était resté pendant ce temps à la ville, et qui était aussi roi de Sparte, quoique d’une branche inférieure, accusait Cléomène son collègue. Comme ces deux princes avaient la même origine, cette branche n’était inférieure que parce qu’elle était la cadette ;