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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

Grecs de l’armée du roi, qui leur étaient opposés. Cette attaque, qui les affligeait beaucoup, les empêcha de secourir les Lacédémoniens. Ceux-ci, avec les Tégéates, leurs inséparables alliés, quoique dépourvus de ce renfort, allaient avec les troupes légères, les premiers à cinquante mille hommes, les autres à trois mille. Ils sacrifiaient, dans l’intention de livrer bataille à Mardonius et aux troupes qu’il avait avec lui, mais les sacrifices n’étaient pas favorables ; et pendant qu’on en était occupé il périssait beaucoup de Grecs, et il y en eut un plus grand nombre de blessés : car les Perses, s’étant fait un rempart de leurs boucliers, leur lançaient une quantité si prodigieuse de flèches, que les Spartiates en étaient accablés. Les sacrifices continuant à ne point être favorables, Pausanias tourna ses regards vers le temple de Junon, près de Platées, implora la déesse, et la supplia de ne pas permettre que les siens se vissent frustrés de leurs espérances.

LXI. Il l’invoquait encore, lorsque les Tégéates, se levant les premiers, marchèrent aux Barbares. Il eut à peine achevé sa prière, que, les sacrifices devenant enfin favorables, les Lacédémoniens marchèrent aussi aux Perses ; et ceux-ci, quittant leurs arcs, en soutinrent le choc. Le combat se donna d’abord près du rempart de boucliers. Lorsqu’il eut été renversé, l’action devint vive, et dura longtemps près du temple même de Cérès, jusqu’à ce qu’on fût venu à les en chasser ; car les Barbares saisissaient les lances des Grecs, et les brisaient entre leurs mains. À cette journée, les Perses ne cédèrent aux Grecs ni en force ni en audace ; mais étant armés à la légère, et n’ayant d’ailleurs ni l’habileté ni la prudence de leurs ennemis, ils se jetaient un à un, ou dix ensemble, ou même tantôt plus, tantôt moins, sur les Spartiates, qui les taillaient en pièces.

LXII. Les Perses pressaient vivement les Grecs du côté où Mardonius, monté sur un cheval blanc, combattait en personne à la tête des mille Perses d’élite. Tant qu’il vécut, ils soutinrent l’attaque des Lacédémoniens, et en se défendant vaillamment ils en tuèrent un grand nombre. Mais après sa mort, lorsque ce corps, le plus fort de l’armée,