Page:Hérodote - Histoire, trad. Larcher, tome 2, 1850.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
275
CALLIOPE, LIVRE IX.

au milieu duquel il combattait, eut été renversé, le reste tourna le dos, et abandonna la victoire aux Lacédémoniens. Les Perses avaient deux désavantages : leur habit long et embarrassant[1], et leurs armes légères. Celui-ci était d’autant plus grand, qu’ils avaient à combattre des hommes pesamment armés.

LXIII. À cette journée, les Spartiates vengèrent sur Mardonius la mort de Léonidas, comme l’avait prédit l’oracle ; et Pausanias, fils de Cléombrote et petit-fils d’Anaxandrides, y remporta la plus belle victoire dont nous ayons connaissance. Nous avons parlé des ancêtres de ce prince en faisant mention de ceux de Léonidas, ce sont les mêmes pour l’un et pour l’autre. Mardonius fut tué par Aïmnestus, citoyen distingué de Sparte, qui, quelque temps après la guerre contre les Perses, périt avec trois cents hommes qu’il commandait, en se battant à Stényclare contre tous les Messéniens.

LXIV. Battus et mis en fuite à Platées par les Lacédémoniens, les Perses se sauvèrent en désordre dans leur camp, et en dedans du mur de bois qu’ils avaient construit sur le territoire de Thèbes. Le combat s’étant donné près du bocage consacré à Cérès, je suis étonné qu’on n’ai vu aucun Perse s’y réfugier, ou mourir autour du temple de la déesse, et que la plupart périrent dans un lieu profane. S’il est permis de dire son sentiment sur les choses divines, je pense que la déesse leur en interdit l’entrée, parce qu’ils avaient brûlé son temple à Éleusis. Telle fut l’issue de cette bataille.

LXV. Artabaze, fils de Pharnaces, qui, dès les commencements, n’avait point été d’avis que le roi laissât Mardonius en Grèce, voyant que, malgré toutes les raisons qu’il alléguait pour dissuader ce général de donner bataille, il n’avançait en rien, prit les mesures suivantes, parce que ses opérations ne lui plaisaient pas. Il commandait un

  1. On ignore quelle était originairement la manière de se vêtir des Perses ; mais l’on sait que, lorsqu’ils eurent subjugués les Mèdes, Cyrus, qui avait observé que l’habillement de ceux-ci avait plus de grâce que celui de sa nation, l’adopta, et engagea les grands à l’imiter, parce que cet habillement cache les défauts du corps, donne de la grâce, et fait paraître les hommes plus grands. (L.)