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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

mis à ce prince de lui soumettre la grande île de Sardaigne, il prit le commandement des Ioniens dans la guerre qu’ils soutenaient contre lui, et passa dans l’île de Chios, où il fut arrêté sur ce qu’on l’accusa d’y être venu de la part de ce prince pour y exciter des troubles. Mais on lui rendit la liberté quand on eut appris la vérité, et qu’il était ennemi du roi.

III. Les Ioniens lui demandèrent ensuite pourquoi il avait ordonné avec tant d’empressement à Aristagoras de faire révolter l’Ionie, et leur avait causé par là tant de maux. Mais, au lieu de leur en dire la vraie raison, il leur répondit qu’il avait envoyé ces ordres parce que Darius avait résolu de transporter les Phéniciens en Ionie, et les Ioniens en Phénicie, quoique ce prince n’eût jamais eu un pareil dessein ; mais il cherchait à effrayer les Ioniens.

IV. Il écrivit après cela à des Perses établis à Sardes, avec qui il s’était entretenu de révolte, et confia ses lettres à Hermippus d’Atarnée ; mais celui-ci, au lieu de les porter à leur adresse, les remit à Artapherne. Ce seigneur, sachant par cette voie tout ce qui se tramait, ordonna à Hermippus de rendre ces lettres à ceux à qui elles étaient adressées, et de lui remettre à lui-même leurs réponses. Cette conspiration découverte, il fit mourir beaucoup de Perses qui y avaient trempé.

V. Il y eut à cette occasion des troubles à Sardes. Histiée étant déchu de ses espérances, les habitants de Chios le menèrent à Milet, comme il les en avait priés. Les Milésiens, charmés d’être délivrés d’Aristagoras, étaient d’autant moins portés à recevoir dans leur pays un autre tyran, qu’ils avaient déjà goûté les douceurs de la liberté. Il tenta, la nuit, de rentrer de force dans la ville ; mais il fut blessé à la cuisse par un citoyen de Milet. Repoussé de sa patrie, il revint en Chios ; et comme il ne put engager les habitants de cette île à lui donner des vaisseaux, il passa de la à Mytilène, et en obtint des Lesbiens. Ceux-ci équipèrent huit trirèmes avec lesquelles il fit voile vers Byzance, où, ayant établi sa croisière, il intercepta tous les vaisseaux venant du Pont-Euxin, excepté ceux qui l’assuraient de leur disposition à lui obéir.