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ÉRATO, LIVRE VI.

VI. Tandis qu’Histiée et les Mytiléniens s’occupaient ainsi, on attendait à Milet même une flotte considérable, avec une nombreuse armée de terre. Les généraux des Perses, ayant rassemblé leurs forces éparses, et les ayant réunies en un seul corps, allèrent droit à la capitale, sans s’occuper des petites villes, dont ils faisaient moins de cas. Parmi les troupes navales, les Phéniciens témoignaient le plus d’ardeur : les Cypriens nouvellement subjugués les accompagnaient avec les Ciliciens et les Égyptiens.

VII. Sur la nouvelle que ces troupes venaient attaquer Milet et le reste de l’Ionie, les Ioniens envoyèrent des députés au Panionium. L’affaire mise en délibération après leur arrivée, il fut décidé qu’on n’opposerait point d’armée de terre aux Perses, que les Milésiens défendraient eux-mêmes leur ville, que l’on compléterait les équipages de tous les vaisseaux, sans en excepter un seul, et que, lorsqu’ils seraient complets, la flotte s’assemblerait au plus tôt à Lada pour y combattre en faveur de Milet. Lada est une petite île située devant la ville de Milet.

VIII. Cette résolution prise, lorsque les équipages des vaisseaux furent complets, les Ioniens vinrent au rendez-vous avec tous les Éoliens de l’île de Lesbos. Voici quel était leur ordre de bataille. Les Milésiens occupaient l’aile à l’est avec quatre-vingts vaisseaux. Immédiatement après eux étaient les Priéniens avec douze vaisseaux. Venaient ensuite ceux de Myonte avec trois vaisseaux, et après eux les Téiens avec dix-sept. Ceux-ci étaient suivis par cent voiles de Chios. Près d’eux étaient les Érythréens et les Phocéens ; ceux-ci avec trois vaisseaux, ceux-là avec huit. Les Lesbiens, placés immédiatement après eux, avaient soixante-dix voiles. Enfin les Samiens occupaient l’autre aile à l’ouest avec soixante vaisseaux. Cela faisait en tout trois cent cinquante-trois trirèmes du côté des Ioniens.

IX. La flotte des Barbares était de six cents voiles. Lorsqu’elle fut aussi arrivée sur la côte de Milet, et que toute l’armée de terre se trouva sur le territoire de cette place, les généraux perses ayant eu avis du grand nombre de vaisseaux ioniens, craignirent dès ce moment de n’être point assez forts pour les vaincre, et que, faute d’avoir la