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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

[CXXII. Ce Callias mérite qu’on en parle souvent, tant à cause de l’ardeur qu’il témoigna pour la liberté de sa patrie, que parce qu’à Olympie il fut vainqueur à la course du cheval, qu’il fut le second au combat du char à quatre chevaux, et qu’ayant été victorieux aux jeux pythiques, il l’emporta en cette occasion sur tous les Grecs par sa magnificence. Il le mérite aussi par la conduite qu’il tint avec ses trois filles : car, lorsqu’elles furent en âge d’être mariées, il leur donna une riche dot ; et leur ayant permis de se choisir des époux dans toute la nation, il les maria à ceux dont elles avaient fait choix.]

CXXIII. Les Alcméonides ne haïssaient pas moins les tyrans que ce Callias. Aussi suis-je étonné de cette accusation, et je ne puis croire qu’ils aient montré un bouclier aux Perses, eux qui avaient vécu loin de leur patrie tout le temps de la domination des tyrans, qui avaient forcé par leurs trames les Pisistratides à abandonner la tyrannie, et qui par cette conduite avaient plus contribué, à mon avis, à la liberté d’Athènes qu’Harmodius et Aristogiton. Ceux-ci en effet, bien loin de faire cesser la tyrannie des Pisistratides, ne firent, en tuant Hipparque, qu’aigrir de plus en plus les tyrans ; au lieu que les Alcméonides ont évidemment rendu la liberté à leurs concitoyens, si du moins il est vrai qu’ils aient engagé la Pythie, comme je l’ai dit précédemment, à ordonner aux Lacédémoniens de remettre Athènes en liberté.

CXXIV. Peut-être trahirent-ils leur patrie pour se venger de quelque mécontentement qu’ils avaient reçu du peuple. Mais il n’y avait personne, du moins à Athènes, qui fût plus estimé et plus comblé d’honneurs. Il est donc contre toute vraisemblance qu’ils aient montré par ce motif un bouclier aux Perses. Cependant un bouclier servit de signal ; c’est un fait certain ; on ne peut le révoquer en doute. Mais par qui ce signal fut-il donné ? je n’en puis rien dire de plus certain que ce qu’on vient de lire.

CXXV. Les Alcméonides se sont toujours distingués à Athènes dès les plus anciens temps et dès leur première origine. Mais ils ont encore tiré un plus grand lustre d’Alcméon, et de Mégaclès après lui. Alcméon, fils de Méga-