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ÉRATO, LIVRE VI.

sortes de substances, du bitume, du sel et de l’huile, qu’on puise de la manière que je vais dire. On a une bascule ou machine propre à tirer de l’eau ; on y attache, au lieu de seau, la moitié d’une outre, qu’on baisse sous ces substances, et avec laquelle on les puise. On les verse ensuite dans un réservoir, et de là elles se répandent dans un autre, où elles prennent trois formes différentes. Le bitume s’épaissit, le sel se cristallise sur-le-champ, et l’on ramasse l’huile dans des vases. Les Perses appellent cette huile rhadinacé. Elle est noire, et d’une odeur forte. Darius envoya les Érétriens habiter dans ce lieu. Ils l’occupaient encore de mon temps, et ils avaient conservé leur ancienne langue. Tel fut le traitement qu’éprouvèrent les Érétriens.

CXX. Deux mille Lacédémoniens arrivèrent à Athènes après la pleine lune. Ils avaient une si grande ardeur de joindre les ennemis, qu’ils ne mirent que trois jours pour venir de Sparte dans l’Attique. Quoiqu’ils fussent arrivés après le combat, ils avaient un tel désir de voir les Mèdes, qu’ils se transportèrent à Marathon pour les contempler. Ils complimentèrent ensuite les Athéniens sur leur victoire, et s’en retournèrent dans leur pays.

CXXI. On fit courir contre les Alcméonides le bruit que, d’intelligence avec les Perses, ils leur avaient montré un bouclier, comme s’ils eussent voulu réduire Athènes sous le joug des barbares et celui d’Hippias : j’en suis étonné, et je ne puis y ajouter foi. Il paraît en effet qu’ils ont eu plus d’aversion pour les tyrans que Callias, fils de Phénippe et père d’Hipponicus, ou que du moins elle a été aussi grande. Or Callias fut le seul homme à Athènes qui osât acheter les biens de Pisistrate lorsque la république les fit mettre en vente après qu’elle l’eut banni, et d’ailleurs il fit bien d’autre chose qui attestait la haine qu’il lui portait.

    tent rarement leurs chevaux. Celui des Érétriens est au centre du pays. Il se sont mis à couvert des surprises des barbares, en conduisant autour de leur demeure une rivière qui leur tient lieu de rempart. La terre, imprégnée de bitume, a une amertume innée. Ils vivent peu, à cause de la mauvaise qualité des eaux pleines de bitume qui s’attache aux intestins. Près du bourg est un tertre de terre assez mauvaise, qui sert à leur nourriture. (L.)