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ÉRATO, LIVRE VI.

CXXXI. Ce fut ainsi que ce prince s’y prit pour choisir un gendre parmi tant de prétendants, et ce fut ainsi que les Alcméonides acquirent en Grèce une si grande célébrité. Le premier enfant qu’eut Mégaclès de ce mariage fut appelé Clisthène, du nom de son aïeul maternel, le tyran de Sicyone. Ce fut lui qui partagea le peuple en dix tribus, et qui établit le gouvernement démocratique. Il eut ensuite Hippocrates. D’Hippocrates naquit un autre Mégaclès et une autre Agariste, ainsi nommée d’Agariste, fille de Clisthène. Elle épousa Xanthippe, fils d’Ariphron. Tandis qu’elle était enceinte, elle crut en songe qu’elle enfantait un lion ; et, quelques jours après, elle accoucha de Périclès.

CXXXII. La défaite des Perses à Marathon augmenta la considération qu’on avait déjà à Athènes pour Miltiade. Il demanda au peuple soixante-dix vaisseaux, des troupes et de l’argent. Il ne leur dit point où il avait dessein de porter la guerre ; mais il leur promit de les enrichir, s’ils voulaient le suivre, et de les mener dans un pays d’où ils rapporteraient sans peine une quantité prodigieuse d’or. Flattés de cet espoir, les Athéniens lui accordèrent les vaisseaux qu’il demandait.

CXXXIII. Miltiade fit voile à Paros avec les troupes qu’on lui donna ; il colora son expédition du prétexte de punir les Pariens parce qu’ils avaient accompagné les Perses à Marathon, et leur avaient fait les premiers la guerre. Mais il y était porté par la haine qu’il avait contre eux depuis que Lysagoras, fils de Tisias, Parien de naissance, l’avait voulu rendre odieux au Perse Hydarnes[1]. Lorsqu’il fut arrivé à Paros avec ses troupes, il fit le siége de la ville, où les Pariens s’étaient renfermés, et leur envoya ensuite demander cent talents[2] par un héraut, avec menace, en cas de refus, de ne point retirer ses troupes qu’il ne les eût subjugués. Les Pariens, bien loin de songer à lui donner de l’argent, ne pensèrent qu’à la sûreté de leur ville ; et entre autres choses qu’ils imaginèrent, ils

  1. Il paraît que c’est le même Hydarnes qui était gouverneur de la côte d’Asie. Voyez liv. vii, § cxxxv.
  2. 340 000 livres.

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