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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

notre empire, nous avons soumis les Saces, les Indiens, les Éthiopiens, les Assyriens, et plusieurs autres nations puissantes et nombreuses, qui n’avaient commis contre nous aucune hostilité, ne serait-il pas honteux que nous laissassions impunie l’insolence des Grecs, qui ont été les premiers à nous insulter ? Qu’avons-nous à craindre ? serait-ce la multitude de leurs troupes, la grandeur de leurs richesses ? Nous n’ignorons ni leur manière de combattre ni leur faiblesse ; nous avons subjugué ceux de leurs enfants qui habitent notre pays, et qui sont connus sous les noms d’Ioniens, d’Éoliens et de Doriens. Je connais par moi-même les forces des Grecs ; j’en fis l’épreuve lorsque je marchai contre eux par ordre du roi, votre père. Je pénétrai en Macédoine ; peu s’en fallut même que je n’allasse jusqu’à Athènes, et cependant personne ne vint me combattre. L’ignorance et la sottise des Grecs ne leur permettent pas ordinairement, comme je l’ai ouï dire, de consulter la prudence dans les guerres qu’ils se font. Car, lorsqu’ils se la sont déclarée, ils cherchent, pour se battre, la plaine la plus belle et la plus unie. Ainsi les vainqueurs ne se retirent qu’avec de grandes pertes : comme les vaincus sont entièrement détruits, je n’en puis absolument rien dire.

» Puisqu’ils parlent tous la même langue, ne devraient-ils pas s’envoyer des hérauts et des ambassadeurs pour terminer leurs différends ? ne devraient-ils pas tenter toutes les voies de pacification plutôt que d’en venir aux mains ? ou, s’il était absolument nécessaire de se battre, ne devraient-ils pas chercher les uns et les autres un terrain fortifié par la nature, où il fut difficile d’être vaincu, et tenter en cet endroit le sort des armes ? Par une suite de ce mauvais usage, les Grecs n’osèrent pas m’offrir la bataille lorsque j’allai jusqu’en Macédoine. Y a-t-il donc quelqu’un parmi eux qui s’oppose à vous, et vous présente le combat, à vous, seigneur, qui conduisez toutes les forces de terre et de mer de l’Asie ? Je ne pense pas que les Grecs portent l’audace jusque-là. Si cependant je me trompais, si leur folie les poussait à en venir aux mains avec nous, qu’ils apprennent alors que de tous les