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POLYMNIE, LIVRE VII.

hommes nous sommes les plus braves et les plus habiles dans l’art de la guerre. Il faut donc tenter toutes les voies possibles ; rien ne s’exécute de soi-même, et ce n’est ordinairement qu’à force de tentatives qu’on réussit. » Ce fut ainsi que Mardonius adoucit ce que le discours de Xerxès pouvait avoir de trop dur ; après quoi il cessa de parler.

X. Comme les Perses gardaient tous le silence, et que pas un n’osait proposer un avis contraire, Artabane, fils d’Hystaspes, oncle paternel de Xerxès, s’appuyant sur cette qualité, ouvrit le sien en ces termes : « Seigneur, lorsque dans un conseil les sentiments ne sont pas partagés, on ne peut choisir le meilleur ; il faut s’en tenir à celui qu’on a proposé. Mais, quand ils le sont, on discerne le plus avantageux, de même qu’on ne distingue point l’or pur par lui-même, mais en le comparant avec d’autre or. Je conseillai au roi Darius, votre père et mon frère, de ne point faire la guerre aux Scythes[1], qui n’habitent point des villes. Flatté de l’espérance de subjuguer ces peuples nomades, il ne suivit pas mes conseils ; il revint de son expédition après avoir perdu ses meilleures troupes. Et vous, seigneur, vous vous disposez à marcher contre des hommes plus braves que les Scythes, et qui passent pour être très-habiles et sur terre et sur mer. Il est donc juste que je vous avertisse des dangers que vous aurez à essuyer.

» Vous dites qu’après avoir jeté un pont sur l’Hellespont vous traverserez l’Europe avec votre armée pour vous rendre en Grèce. Mais il peut arriver que nous soyons battus sur terre ou sur mer, ou même sur l’un et l’autre élément ; car ces peuples ont la réputation d’être braves, et l’on peut conjecturer que cette réputation n’est pas mal fondée, puisque les Athéniens seuls ont défait cette puissante armée qui était entrée dans l’Attique sous la conduite de Datis et d’Artapherne. Mais supposons qu’ils ne réussissent pas à nous battre sur terre et sur mer à la fois ; s’ils nous attaquent seule-

  1. Voyez liv. iv, § lxxxiii.

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