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Page:Hérodote - Histoire.djvu/65

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dernières, les créneaux de l’une sont argentés, et ceux de l’autre dorés.

XCIX. Tels furent et le palais que se fit construire Déjocès et les maisons dont il l’environna. Le reste du peuple eut ordre de s’établir au pied des remparts. Tous ces édifices achevés, il fut le premier qui établit pour règle que personne n’entrerait chez le roi, que toutes les affaires seraient traités pas des messages et que le roi ne serait visible pour personne ; il ordonna en outre qu’on ne rirait ni ne cracherait en sa présence, et qu’il serait honteux à tout le monde de faire ces choses en présence les uns des autres.

Déjocès institua ce cérémonial imposant, afin que les personnes du même âge que lui, et avec qui il avait été élevé, et que ceux dont la naissance n’était pas moins distinguée que la sienne, et qui ne lui étaient inférieurs ni en bravoure ni en mérite, ne lui portassent point envie et ne conspirassent point contre sa personne. Il croyait qu’en se rendant invisible à ses sujets il passerait pour un être d’une autre nature que la leur.

C. Ces règlements faits et son autorité affermie, il rendit sévèrement la justice. Les procès lui étaient envoyés par écrit : il les jugeait et les renvoyait avec sa décision. Telle était sa méthode pour les procès. Quant au reste, s’il apprenait que quelqu’un eût fait une injure, il le mandait, et lui infligeait une peine proportionnée au délit ; et pour cet effet il avait dans tous ses États des émissaires qui veillaient sur les actions et les discours de ses sujets.

CI. Déjocès rassembla tous les Mèdes en un seul corps, et ne régna que sur eux. Cette nation comprend plusieurs peuples : les Buses, les Parétacéniens, les Struchates, les Arizantes, les Budiens, les Mages : telles sont les tribus des Mèdes.

CII. Déjocès mourut après un règne de cinquante-trois ans. Son fils Phraorte lui succéda. Le royaume de Médie ne suffit pas à son ambition. Il attaqua d’abord les Perses, et ce fut le premier peuple qu’il assujettit. Avec ces deux nations, l’une et l’autre très-puissantes, il subjugua ensuite l’Asie, et marcha de conquête en conquête jusqu’à son expédition contre les Assyriens et contre la partie de cette même nation qui habitait Ninive. Quoique les Assyriens, autrefois maîtres de l’Asie, fussent alors seuls et abandonnés de leurs alliés, qui avaient