Page:Hérondas - Mimes, trad. Dalmeyda, 1893.djvu/11

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II

Le plus illustre des devanciers d’Hérondas est, on le sait, Sophron de Syracuse. C’était un écrivain fort en honneur chez les anciens : on louait chez lui la finesse et l’exactitude de l’observation, l’esprit, le naturel, la simplicité du style. Platon semble avoir fait grand cas de l’auteur syracusain. D’après Diogène Laërce, il est le premier qui ait introduit à Athènes les ouvrages peu connus du mimographe ; il l’aurait imité dans la peinture des caractères, enfin ses mimes auraient été pour lui comme un livre de chevet. Il était difficile, on le voit, de faire plus d’honneur à Sophron. Un article de Suidas vient encore à l’appui de ce témoignage, et si nous pouvons rester incrédules, il nous faut tout au moins admettre que cette légende contient une part de vérité. Il serait puéril sans doute de rechercher l’influence de Sophron dans les ouvrages du philosophe, mais doit-on s’étonner que Platon, si soucieux de la vérité et de la variété dramatiques de ses dialogues, ait eu quelque prédilection pour un des peintres les plus fidèles de la réalité journalière ?