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Page:Hérondas - Mimes, trad. Dalmeyda, 1893.djvu/15

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semblance, celui que Théocrite avait pris pour modèle.

Les mimes de Sophron étaient écrits en prose, le fait est certain. Quelques érudits ont essayé, sans succès, de voir dans ses fragments des vers réguliers, mais sa prose est, nous l’avons dit, une prose rythmée : l’oreille y saisit encore aujourd’hui de véritables cadences : l’auteur, par un heureux agencement de brèves et de longues, sait donner à sa phrase une harmonie qui ressemble au nombre oratoire. Le scoliaste de saint Grégoire de Nazianze[1] nous dit en effet qu’il empruntait des poètes leurs membres rythmiques, mais qu’il les combinait librement. Faut-il voir dans cette recherche de l’eurythmie un simple raffinement d’écrivain ? Il est difficile de se prononcer. Ce qui est certain, c’est que les mimes de Sophron étaient surtout destinés au public lettré. C’est là d’ailleurs un caractère général de la littérature dite populaire : le peuple y prend moins d’intérêt que la bourgeoisie : le plaisir de chacun est d’être dépaysé.

On sait que le mime fut cultivé après Sophron par son fils Xénarque. Mais ce dernier nous est à peu près inconnu : on risque même de le confondre avec un poète de la moyenne comédie, plus célèbre

  1. Chant d’exhortation à une vierge.