la distinction, c’est la différence des sentiments et des milieux représentés. Sans doute il peut être sans importance que la scène se passe à la ville ou à la campagne, mais la plupart des idylles ne sont pas des études de mœurs : on ne saurait prétendre que les sentiments du peuple s’y montrent sous leur aspect véritable et dans leur généralité. Les passions de ces chevriers peuvent être profondes, elles ne sont pas vraiment dramatiques : Aischinès, au contraire, porte dans son amour la violence et l’aveuglement des natures simples ; nulle femme dans les idylles proprement dites n’est aussi vivante et aussi passionnée que Simaitha. Nulle part enfin le poète n’a fait une peinture de mœurs comparable aux Syracusaines.
Ce n’est pas sans raison que les poètes dramatiques se servaient de rythmes consacrés : l’iambe, l’anapeste, le trochée étaient les mètres les plus propres à l’action : ils entraînaient le drame dans une irrésistible marche en avant. L’oreille y trouvait moins de plaisir, mais la pièce allait plus vite au dénoûment. Qu’on se représente le récit de la bataille de Salamine écrit en hexamètres : les détails gagneront en valeur poétique et nous croirons lire une page d’Homère. Mais tandis que nous nous laisserons bercer par le rythme harmonieux et soutenu du vers épique, l’action se ralentira, et nous serons moins impatients de savoir