Page:Hérondas - Mimes, trad. Dalmeyda, 1893.djvu/18

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l’issue du combat. On peut dire, de même, que Théocrite, en choisissant le mètre de l’épopée a fait subir au mime une profonde transformation. Quoique l’œuvre de Sophron ne fût pas destinée à la scène, elle n’en appartenait pas moins au genre dramatique, l’observation de la réalité faisait toute sa valeur. L’auteur des idylles introduit dans le mime un élément de vraie poésie et d’idéal. Il sait allier, dans une merveilleuse harmonie, au réalisme des scènes la pure beauté de l’expression. Réalisme et poésie, tels sont donc les deux éléments que nous voyons apparaître dans ses mimes. Lequel des deux y domine, un rapide examen nous l’apprendra.

Et d’abord le sujet de ces mimes est pris dans la réalité journalière : une femme délaissée, un homme du peuple jaloux et brutal, des bourgeoises bavardes, tels sont les personnages mis en scène. On peut dire que ces originaux sont de tous les temps et que Théocrite a fait des peintures de mœurs aussi vivantes et aussi vraies de nos jours qu’à l’époque des Ptolémées. Si nous voulions nous servir à leur égard du procédé familier à la critique actuelle, celui de la « transposition », nous pourrions leur prêter une physionomie tout à fait moderne, en faire des « spectacles contemporains ». En faisant par exemple abstraction dans la Magicienne de toute la sorcellerie qui remplit la pre-