Page:Hérondas - Mimes, trad. Dalmeyda, 1893.djvu/21

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ivres, assister avec des yeux vagues à la scène de violence.

Les Syracusaines offrent moins de vigueur, mais plus d’art. C’est assurément le chef-d’œuvre du mime. Rien de plus finement observé, de plus vivant que ces deux bonnes commères : Théocrite a su choisir les détails à la fois les plus comiques et les plus généraux, il a su créer des « types », et c’est là le plus grand mérite de ce célèbre morceau. Ce qu’il nous importe aussi d’observer, c’est qu’il a dépassé le cadre ordinaire du mime en changeant plusieurs fois le lieu de la scène : sa pièce peut se diviser en trois actes, dont le premier se passe chez Praxinoa, le deuxième dans la rue, le troisième au Palais du Roi. Le nombre des personnages vraiment intéressés à l’action est aussi plus grand qu’à l’ordinaire. Outre Praxinoa, Eunoa, son esclave, et Gorgo, sa visiteuse, nous voyons intervenir une vieille femme et deux étrangers. L’idylle se termine enfin par le chant de la prêtresse. Grâce à ces procédés, Théocrite peut donner à son mime plus de vie et plus de variété. La pièce s’ouvre sur une scène d’intérieur : ce sont d’abord des doléances sur l’encombrement des rues, sur la sottise de Dinon et de Diokleidès, les maris des deux commères, sur la lenteur et la maladresse des servantes, puis viennent les préparatifs du départ. Praxinoa n’oublie rien, ni l’enfant qui pleure et qu’il faut amuser, ni la