Page:Hérondas - Mimes, trad. Dalmeyda, 1893.djvu/20

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Avec la quatorzième idylle nous passons dans un milieu plus populaire encore. Un soldat, un écuyer thessalien, et quelques amis, gens du peuple sans doute, tels sont les convives d’Aischinès. Le repas est copieux, mais n’est pas des plus fins : deux poulets, un cochon de lait, des oignons, des pétoncles. On débouche, il est vrai, du vin de Biblos tout parfumé comme au sortir de la cuve, et c’est à lui que les convives semblent surtout faire honneur. Les têtes s’échauffent, les langues se délient et la trahison de Kyniska se découvre par un calembour. Quand les quatre hommes sont ivres, l’écuyer, en bon Thessalien, fait de mauvaises plaisanteries sur le nouvel amant de la belle. Celle-ci fond en larmes et Aischinès furieux lui applique deux vigoureux soufflets. Le traitement déplaît à Kyniska, qui s’enfuit pour ne plus revenir ; notre jaloux n’a plus qu’à se faire soldat, à se mettre au service de Ptolémée. On ne reprochera pas cette fois au poète syracusain d’avoir idéalisé ses personnages : il les prend dans le bas peuple et montre surtout en eux la bestialité. Aischinès est une brute et Kyniska une fille des rues, le Thessalien est le mauvais plaisant de tous les banquets populaires ; quant aux autres convives, ce sont des personnages muets, qui sont venus boire et qui jouent leur rôle en conscience. Nous croyons les voir se gorger du vin d’Aischinès, faire chorus avec l’écuyer de Larisse, et, quand ils sont