aux mauvais instincts d’un précoce vaurien. La fureur la rend dénaturée ; le magister voudrait s’arrêter quand il voit le dos de l’écolier « plus tacheté qu’une hydre », la mégère le presse de continuer : on sent qu’elle épuise une longue rancune, qu’elle ne pense plus à son fils, mais à toutes ses déceptions, à son argent perdu, à sa pauvre maison mise au pillage.
Avec la Jalouse nous nous trouvons transportés dans un tout autre milieu, mais le personnage principal n’est pas moins près de la nature : après la ménagère pauvre, chez qui la misère a tué presque tout sentiment, le poète met en scène une femme riche et passionnée. Bitinna est entourée de servantes et d’esclaves : elle est impérieuse, altière et surtout sensuelle. Dès les premiers vers, elle se montre à nous avec un sans-façon qui ne laisse pas de nous surprendre : nous apprenons en quelques mots qu’elle a fait son amant d’un de ses esclaves, et qu’elle le soupçonne d’être infidèle. Rarement Hérondas s’est servi de mots plus crus : il est vrai que Bitinna parle devant des esclaves qu’elle a pour témoins obligés et qu’elle méprise trop pour leur rien cacher. Le bel esclave à qui elle s’est donnée ne s’est pas tenu satisfait de cette faveur inespérée : elle l’accuse de pourchasser la femme d’un voisin. Ce n’est pas la première scène de jalousie qu’elle fait à Gastron : le malheureux