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Page:Hérondas - Mimes, trad. Dalmeyda, 1893.djvu/47

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son grand serment qu’il gagne à peine sa pauvre vie, il jure par son foyer domestique et, ce qui est plus comique, par son pauvre chef dénudé. Du reste il ne démord pas du prix qu’il a fixé : c’est seulement quand ses clientes font mine de partir sans rien acheter qu’il se décide à faire un rabais ; c’est, dit-il, pour l’amour de Métro qu’il s’y résigne. L’affaire n’est pourtant pas aussi mauvaise qu’il le dit, car il semble dès lors en belle humeur : il est en veine de galanterie et décoche force compliments à l’une des femmes. Puis il essaie des chaussures aux amies de Métro, mais un incident vient troubler la scène : une cliente moqueuse, dont il a déjà parlé, s’arrête à la porte de la boutique et le nargue avec de grands éclats de rire. Elle veut pourtant acheter des sandales, mais notre homme, indigné, jure de lui faire payer cher la marchandise. Sa colère se calme aussitôt et les femmes se retirent. La journée a été bonne pour maître Kerdon : l’obligeante Métro reviendra dans huit jours chercher un beau travail pour récompense.

Ce personnage de Kerdon est certainement un des plus vivants que le poète ait mis en scène : ses gestes, son bavardage, ses changements de physionomie, ses mines pitoyables, ses doléances, son entêtement et sa cupidité, tout est d’une exactitude frappante : on sent que l’auteur a dû souvent, comme notre Molière, s’arrêter devant les