Page:Héry - Fables créoles et exploration dans l'intérieur de l'île Bourbon, 1883.djvu/49

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Li sorte encor'… son l'estomac cacaille
Qu'l'a 'blizé dir : "Courons vite à l'Étang,
Manzons, si n'a pas d'aut' ; ça failli loç canaille ;
Mon la faim commenç l'est trop grand."
Mais loç l'a plonze au fond ; cabots s'il y rencontre
Encor' n'a pas beaucoup qui montre.
Z'aigrette y prend colèr : "A qu'faire à moi cabot
Avec ça gros-ball' là moi bourrer mon zabot ?
Autant vaut grinouitt' la rigole,
Ou biçiq' à trois sous la bole.
Moi r'tourn mon cas'…" Arriv' mitant d'cimin
Li n'en pé plis, l'est enrazé la faim !
Devin' quouqu' la manz' nout' z'aigrette
Qu'son vantard dans n'son coer y pète ?
Li la trouve ein gros l'escargot
Et l'aval' comm' ein citt', pour plein-ventre son zabot.
Moi razist' là li zouli fille
Li mamzell' z'aut' y dit d'famille ;
Quand qu' la saison vient pour marier,
Z'aut vantard y commence babier.
"Moi vé pas zène' homme là son gros nez l'est trop longue,
Moi vé pas cé l'aut là, son bouç comment bouç'rongue,
Moi vé pas z'aut voisin, avar' comment banian,
Li donn'ra pas calèç ni des rob' à volant."
Mais qui r'fis' mis' comm' li blancs y raconte
Et z'aut' parol' vient parfinir mon conte.
Z'aigrett' trop fier finit par souque ein escargot
Et mamzell' trop çipéq' épous'ra vié magot.