mnémotechnie ; il recommande d’associer entre elles dans la mémoire les représentations de la même façon que les phénomènes correspondants sont reliés dans la réalité, ce lien facilitant à la fois le souvenir et l’application dans la pratique. — Il n’est désormais plus difficile de comprendre le passage de Bruno à la conception qu’il développe dans les dialogues italiens en la rattachant étroitement aux conséquences du nouveau système du monde. Ce qu’il cherche à vrai dire, c’est déjà dans la première phase le principe interne qui est au fond de l’enchaînement réel des choses particulières ainsi qu’au fond même de celles-ci. Au dedans, non au dehors ou en haut, tel est dès le début son mot d’ordre.
Dans le dialogue De la cause, du principe et de l’unité, nous trouvons le développement complet des idées fondamentales de Bruno. C’est la tendance générale à concevoir l’univers comme un ensemble mû par des forces internes où tout se trouve étroitement enchaîné, et qui est même l’épanouissement de ce que renferme le principe infini, la pensée la plus haute accessible à notre esprit. En distinguant cause et principe, Bruno veut dire que l’unité infinie peut être considérée soit par opposition avec ce qui provient d’elle — et alors il l’appelle cause — soit comme ce qui se manifeste dans la multiplicité des phénomènes — et alors il la nomme principe ou âme universelle. Sous la première forme elle n’est pas accessible à notre pensée, elle n’est qu’objet de croyance. Le vrai philosophe et le théologien croyant se distinguent en ce que celui-ci cherche la divinité au dehors et au-dessus de la nature, celui-là, au dedans de la nature. Ainsi que nous l’avons vu en discutant le système du monde, Bruno attache une grande importance à ce que la cause infinie a un effet infini. Mais on ne peut embrasser du regard cet effet infini justement parce qu’il est infini et la connaissance de la divinité qui reste à atteindre, devra toujours demeurer nécessairement imparfaite, même si l’on considère la divinité comme principe (ou cause immanente) ou comme âme universelle. Si une connaissance est en somme possible, cela tient à ce que ce principe se fait sentir aussi bien en nous que dans toutes les autres choses de l’univers. Le nouveau système du monde prouve combien