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Page:Höffding - Histoire de la philosophie moderne.djvu/158

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foi de l’Église, bien que l’on ait cru cette union possible pendant tout le Moyen Âge. Il faudrait fonder une nouvelle physique, et une nouvelle politique, une philosophie complètement neuve pour permettre à l’Église de subsister et l’empêcher de rougir en face des peuples nouveaux des autres continents, en apportant une civilisation qui n’a pas été produite au sein de l’Église. Les espérances hardies des penseurs de la Renaissance se trouvent alliées dans Campanella à l’humilité du catholique croyant devant l’Église. Il conteste que Bruno ait été brûlé pour ses opinions scientifiques ; il invite l’Église, dans la défense qu’il écrivit pour Galilée, à laisser libre cours à l’investigation basée sur l’expérience : le livre de la nature, étudié à fond, concordera, certainement avec l’Écriture Sainte. Mais l’Église ayant condamné l’astronomie nouvelle dans la doctrine de Galilée, il s’incline. Il est vrai que c’est pour lui une satisfaction de n’être pas obligé maintenant de renoncer à la conception de la nature qu’il avait apprise de Telesio et exprimée dans ses écrits antérieurs. Mais sa tentative d’établir une autre philosophie que la philosophie scolastique lui attira une cruelle inimitié qui vraisemblablement contribua à sa longue captivité. Sa figure a quelque chose de tragique, alors que les puissants de l’Église et de l’État observent avec dépit sa lutte avec la scolastique, maintenant qu’ils ont appris à redouter tout changement apporté à la tradition. Tout son enthousiasme pour la cause de l’Église ne lui servit à rien. Et à part lui, il n’était non plus capable de vaincre les puissances du passé. En lui s’élèvent d’elles-mêmes des pensées considérables, mais elles sont enveloppées dans des formes scolastiques et mystiques, et lorsqu’il parvint à les confier à la publicité, elles avaient déjà été exprimées d’une autre façon, sous une forme plus claire et dans un meilleur enchaînement avec la science contemporaine par Descartes.

Campanella naquit en 1868 à Stilo en Calabre. Il échangea son prénom de Giovan pour celui de Tommaso, lorsqu’il entra à l’âge de quatorze ans dans l’ordre des Dominicains. D’après ses propres déclarations, la tendance religieuse ne fut pas seule à le pousser à faire cette démarche ; peut-être était-ce surtout l’espérance de pouvoir mieux continuer ses études au