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l’étude de l’Histoire de la Philosophie ne sera pas de médiocre importance pour les recherches philosophiques ultérieures.

Mon examen actuel de l’Histoire de la Philosophie moderne m’a confirmé, pour ma part, dans l’opinion que je m’étais faite par une autre voie, et qui est que la recherche philosophique se meut autour de quatre grands problèmes. Peut-être la brève définition de ces quatre problèmes facilitera-t-elle l’intelligence du livre.

1. Le Problème de la connaissance (le problème logique). — Quelque différentes que soient les diverses sciences au point de vue de l’objet et de la méthode, elles travaillent toutes avec la pensée humaine. Chaque fois qu’elles formulent une idée, portent un jugement ou tirent une conclusion, elles supposent les formes et les principes généraux de la pensée. Ici apparaît la possibilité d’une discipline spéciale, qui examine les formes dans lesquelles se meut la pensée, et les principes dont elle doit partir, conformément à sa nature, de quelque objet qu’il s’agisse. Cette discipline, la logique formelle, ne traite cependant qu’une partie du problème de la connaissance. Ces formes et ces principes ne mènent pas au delà de la pensée elle-même, ils ne font que lui permettre, d’accord avec elle-même, d’être conséquente. Chaque fois qu’on les applique à des phénomènes donnés, que notre pensée n’a pas construits elle-même, mais qu’il lui faut prendre comme ils viennent, la question se pose de savoir de quel droit se fait cette application, — de quel droit nous admettons, que non seulement notre pensée, mais encore l’existence qui se manifeste dans les phénomènes donnés, est conséquente, est d’accord avec elle-même. Par là se révèle la possibilité d’une discipline qui examine les conditions de la connaissance de l’existence et les limites de cette connaissance. Cette discipline, c’est la théorie de la connaissance.

2. Le Problème de l’existence (le problème cosmologique) tire son origine de la question de savoir quelle qualité nous devons attribuer à cette existence dont nous sommes des membres, quand nous tirons les dernières conséquences de tout ce que nous savons, ou de ce que nous pouvons présumer au moyen des hypothèses les plus vraisemblables. Nous nom-