sur l’obéissance du second, il ne lui aurait pas fait grâce de la vie. De même il y a convention tacite entre le frêle enfant et son précepteur et protecteur, d’ordinaire la mère. Hobbes conclut de par la nature des choses que le contrat s’est fait. Si le contrat est sous-entendu ou tacite, il n’est à vrai dire qu’un simple point de vue servant à éclairer et à apprécier. Mais c’est un trait de Hobbes qu’il se serve de ce point de vue. S’il est formel, le contrat suppose que les individus ont entre eux qualité d’êtres indépendants, chacun avec son instinct de conservation personnelle, et la société sera alors le produit de leur action réciproque. Ce point de vue permet à Hobbes de faire dériver la vie politique de la conservation personnelle de l’individu. Il se représente les hommes comme des champignons qui sont sortis de terre chacun à sa place et qui ensuite se rejoignent. C’est une expérience de pensée nécessaire pour la méthode constructive. Mais Hobbes n’examine pas spécialement comment l’expérience se comporte en face de cette pensée ; — d’une manière générale, les rapports de l’expérience avec les hypothèses arbitraires de la pensée constructive restent chez lui obscurs.
Par la théorie du contrat il cherche à montrer qu’il est de l’intérêt bien entendu de l’individu de faire preuve d’obéissance. Le pouvoir auquel il faut obéir doit être absolu. Le pouvoir politique doit être aussi fort que possible, en sorte que l’individu soit, comparé à lui, absolument infinitésimal. Il doit avoir le pouvoir de punir, en outre le droit de faire la guerre et de conclure la paix, de disposer librement de toute propriété et le droit de décider en dernière instance quelles opinions et quelles doctrines peuvent être enseignées. Au pouvoir absolu correspond l’obéissance absolue. Mais l’autorité politique ne peut pas ordonner ce qui serait pis que la mort — par exemple de se suicider ou de tuer son semblable. — Si l’on vient à abuser de ce pouvoir prodigieux, on se trouve en présence d’une infraction à la loi morale naturelle ; car les détenteurs du pouvoir politique sont également liés à cette loi devant le tribunal de leur conscience, — par contre, il n’y a pas d’infraction aux lois politiques ; car elles ne peuvent engager le pouvoir qui les applique par sa volonté. À ceux qui trouveraient ces conditions