dures, Hobbes répond que le pouvoir protecteur est fatalement accompagné du pouvoir d’oppression. La vie humaine ne saurait être sans désagréments. La liberté de l’état de nature entraîne l’insécurité et la lutte, l’assujettissement de la vie politique produit la sécurité et la paix. Il est impossible de limiter le pouvoir politique, car le pouvoir ne peut être limité que par le pouvoir et limiter le pouvoir, c’est pour cette raison le partager. Si on limite le pouvoir du souverain, la souveraineté réside en réalité dans la personne ou dans les personnes qui peuvent punir ou déposer ce soi-disant souverain. Cela est vrai, qu’on distingue entre pouvoir ecclésiastique et pouvoir civil ou entre pouvoir exécutif et pouvoir législatif. — Hobbes croit que la monarchie est la meilleure forme de gouvernement. La démocratie est en réalité une aristocratie d’orateurs. La monarchie a cet avantage qu’il n’y a qu’un seul qui puisse abuser du pouvoir, mais elle a surtout cet avantage de pouvoir éviter les luttes de parti et de faire garder plus facilement les secrets. En réalité, c’est le peuple qui gouverne (en vertu du contrat primitif) ; sa volonté est exécutée par le monarque auquel le droit naturel de chacun est transmis en vertu du contrat primitif.
Le souverain doit trancher toutes les questions religieuses et morales. Il doit déterminer la façon d’adorer Dieu ; autrement ce qui pour l’un est adoration, serait pour l’autre un blasphème : de là une cause constante de querelles et de dissolution. De même les individus ne sauraient décider ce qui dans la pratique est bon et juste ; ce serait une cause de révoltes continuelles. Il est évident également que l’on ne peut avoir la certitude que les conséquences sont générales, que si les définitions sont générales. Quand Hobbes nomme l’éthique et la politique sciences constructives parce que nous en établissons « nous-mêmes » les principes premiers, dans la pratique ce « nous-mêmes » ne fait qu’un avec le souverain. Ici ressort clairement ce qu’il y a de bizarre dans le point de vue de Hobbes. Sa libre investigation naturaliste l’a amené à découvrir la nécessité d’une autorité absolue, dont la raison doit être reconnue comme la recta ratio. Mais il donne lui-même ensuite un fondement à cette autorité, il fonde la recta