idées. Son effort capital, c’est de trouver dans le domaine de l’esprit comme dans celui de la matière un solide enchaînement causal. Il cherche la loi de la poussée des vagues qui nous assaillent de tous côtés. C’est dans cette loi qu’il voit le salut.
La lumière commence à repoindre dans le livre quatrième. À la vérité, les passions ne peuvent être directement anéanties ; mais on peut les entraver au moyen d’autres passions plus fortes. Ceci reconnu, il s’agit de faire de la connaissance du bien, c’est-à-dire des conditions de la conservation de notre être, une force psychique, et cela est possible parce que cette connaissance même engendre en nous le plaisir, car elle nous montre le but et elle est en même temps elle-même une activité de l’esprit, une manifestation de notre force. Cette connaissance nous unira à des individus de même essence, car nous verrons que nous sommes soumis à des conditions communes et que l’effort commun peut seul conduire chacun de nous au terme. Par là, le drame incline pour la deuxième fois vers la conclusion. Mais une question subsiste : comment l’individu peut-il conserver sa personnalité pleine et entière s’il unit la connaissance scientifique, dont les deux premiers livres démontrent la possibilité, au développement pratique, à l’éducation par la lutte pour l’existence, que décrivaient le troisième et le quatrième livres ? Dans le cinquième livre, il est montré comment la claire intelligence des rapports naturels de nos passions nous élève au-dessus d’elles, et se combine avec tout le reste de notre connaissance de la nature dans l’intuition immédiate de notre être conçu comme l’une des formes individuelles sous lesquelles la Divinité éternelle, qui agit à la fois dans le monde de l’esprit et dans le monde de la matière, développe son essence. En nous contemplant ainsi nous-mêmes — et tout — « sous le point de vue de l’éternité », toute l’inquiétude et toutes les ténèbres du temps et de la nature finie disparaissent, et à la liberté de l’esprit, dont le quatrième livre décrivait le développement, s’associe dès lors le sentiment profond que nous ne faisons qu’un avec l’Être éternel et infini. — Spinoza peut ainsi faire entrer dans les limites d’un seul cadre la philosophie de la religion, la physique, la théorie de la connaissance, la psychologie, l’éthique ; de même le développement du réalisme au moyen de la rigou-