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Page:Höffding - Histoire de la philosophie moderne.djvu/310

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son horizon intellectuel et se mit à étudier les humanités et la science de la nature. En latin, il reçut des leçons de van Ende, un médecin qui avait la réputation d’être libre penseur. La source la plus importante de la biographie de Spinoza, le pasteur Colerus, qui — malgré sa grande aversion pour la doctrine de Spinoza — a recueilli avec un grand amour de la vérité des renseignements sur sa vie, déclare que Spinoza a dû apprendre autre chose encore que le latin dans cette « école de Satan ». D’après le récit de Colerus, Spinoza aurait éprouvé de l’amour pour la fille de van Ende, jeune fille de talent du reste, mais il aurait été dédaigné pour un camarade qui s’entendait mieux à faire sa cour. On a constaté par la suite que Clara van Ende ne pouvait avoir que douze ans au moment dont il est question ici, en sorte que cette information devient un peu invraisemblable (on a fait observer, il est vrai, que Béatrice n’avait que neuf ans, lorsque Dante l’aperçut pour la première fois). — Colerus dit qu’à cette époque Spinoza délaissa la théologie pour s’adonner complètement à la « physique ». Parmi les auteurs qu’il étudiait pour connaître la nouvelle conception de la nature, Giordano Bruno était probablement un des plus importants. Bruno n’est cité nulle part par Spinoza ; mais son premier ouvrage (en particulier un petit dialogue qui est incorporé au Court Traité de Dieu, de l’homme et de sa béatitude) rappelle nettement Bruno. Il y trouva une conception philosophique qui lui permit de combiner ce qui lui semblait l’essence des idées religieuses avec une intelligence scientifique de la nature. La doctrine de Bruno sur l’infinité et la divinité de la nature permit à Spinoza d’allier étroitement l’idée de Dieu à l’idée de nature. Cette influence de la philosophie de la Renaissance n’est devenue probable que depuis que l’on a découvert son premier ouvrage (il y a une trentaine d’années) : auparavant on se contentait de la remarque de Colerus, qu’après avoir délaissé la théologie pour la « physique », Spinoza était resté longtemps indécis dans le choix du maître à suivre ; mais les œuvres de Descartes lui étant tombées sous la main, elles l’attirèrent par leur tendance à appuyer tout sur des raisons claires et distinctes. On a pensé que Spinoza avait commencé en philosophie par être Cartésien et que c’est seulement peu à peu qu’il a tourné sa critique