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liberté publique. — Hume n’aborde pas le problème des rapports de l’esprit industriel avec la sympathie, pas plus que ne le fait Adam Smith, son ami et son successeur. Ils semblent avoir admis que les effets des deux motifs sont en harmonie.

d) Philosophie de la religion.

Le service le plus grand que Hume ait rendu au problème religieux vient de la clarté avec laquelle il a envisagé la question de savoir s’il est possible de fonder la religion par la voie de la raison, et l’a distinguée de la question de l’origine réelle de la religion dans la nature humaine, distinction qui trouve des analogies dans sa théorie de la connaissance comme dans son éthique. Il discute la première question dans ses Dialogues on naturalreligion, la dernière question dans la Natural history of religion.

En ce qui concerne cette question de caractère historique, Hume cherche à montrer que ce n’est pas le besoin de comprendre qui nous pousse à croire à des êtres divins. Au contraire, ce qui pour le penseur est une grosse pierre d’achoppement, le mal et le désordre de la nature, est pour le vulgaire précisément un motif de croyance. La croyance est produite par des sentiments qui naissent au cours de la vie : par la peur et l’espérance, par la tension et l’incertitude, par la crainte du mystérieux. À cela contribue aussi la tendance générale à concevoir tous les autres êtres par ressemblance avec l’homme. L’histoire semble montrer que le polythéisme est la religion primitive. Et cela concorde avec l’évolution naturelle ; la conscience s’élève progressivement des degrés inférieurs aux degrés supérieurs, et tandis que dans la violente émotion où elle tombe, par crainte ou par enthousiasme, elle élève l’objet de l’imagination et le fait de plus en plus parfait et plus noble, elle parvient enfin à l’idée d’un Dieu unique, infini et incompréhensible. Il se produit ici dans le domaine du sentiment religieux un processus d’idéalisation analogue à celui qui est au fond de la formation des principes mathématiques et du principe de causalité. Le passage du polythéisme au monothéisme ne peut s’expliquer par des motifs d’ordre purement intellectuel ; mais par la voie du sentiment les hommes ont atteint le même résultat que